Suite au « Grand Dérangement » de 1755, des groupes successifs d’Acadiens, la plupart venant de Beaubassin (aujourd’hui Amherst, Nouvelle-Écosse) et de l’île Saint-Jean (aujourd’hui l’Île-du-Prince-Édouard) sont accueillis sur les terres du seigneur Michel-Jean-Hugues Péan de Livaudière, dans la paroisse Saint-Charles-Borromée. En juillet 1756, l’arpenteur Ignace Plamondon mesure et délimite quatre terres près du ruisseau des Pins, à la troisième concession au sud-est de la rivière Boyer, pour les Acadiens d’origine germanique Augustin Olfs, Jacques Horne, Mathieu Nagle et Jean Horne. Ils étaient en fait des soldats étrangers recrutés par l’armée qui ont épousé des acadiennes.

En octobre 1756, la « Première Cadie » de la seigneurie de Livaudière, divisée en terres de trois arpents de front, sert de refuge à Jean-Baptiste Trahan, Philippe Deschamps, Étienne Trahan, François Matteau, Paul Trahan, Charles Hébert, François Turcotte, Jean Cyr, Jacques Nicol, François Cirier, Michel Vienneau, Joseph Benet, Jean Maillardet; puis Augustin Olfs, Jacques Horne, Mathieu Nagle, Jean Horne, André Savoie et Marguerite Savary du côté sud-ouest du chemin de descente vers Saint-Charles. Tous sont Acadiens à l’exception de Turcotte. En juillet 1758, quatre autres terres de la Première Cadie sont octroyées aux Acadiens Michel Olery, Jacques Shink, Georges Boucher et Joseph Rap. Ce contingent fuyait l’île Saint-Jean qu’on vidait de ses Acadiens voulant continuer de pratiquer leur religion tout en restant neutres au point de vue militaire. Affaiblis par les mauvaises conditions de voyage, une cinquantaine d’entre eux périssent et sont inhumés en 1758 près de l’église de Saint-Charles, leur paroisse d’adoption.

Des Canadiens français et quelques britanniques viennent grossir la population des « cadies ». Jusqu’à l’ouverture de la paroisse Saint-Gervais-et-Saint-Protais, en 1780, ce lieu appelé « Nouvelle-Cadie » regroupe, outre les Canadiens, une soixantaine de familles acadiennes. De nouveaux patronymes sont apparus tels Arsenault, Babineau, Barriau, Boudreau, Comeau, Desnoyers, Doiron, Filion, Gauterot, Gogna, Guilbault, Henry, Landry, Lejeune, Lucas, Marleau, Mazerolle, Michel, Nicole, Nogue, Pholmer, Pinet, Poirier, Sauvage, Sèvre, Vincent. Ils doivent attendre 1779 pour un lieu de culte à proximité, un presbytère-chapelle construit en 1779 (à l’emplacement du couvent) sur un terrain donné l’année précédente par Augustin Roberge et Marie-Anne Pouliot, son épouse. Le prêtre desservant, Louis-Pascal Sarault, dédie la paroisse aux saints jumeaux Gervais et Protais, martyrs au premier siècle de notre ère. En 1795, suite au décès du curé Sarault, on amorce la construction d’une église un peu au sud-est du presbytère.

Dans la première moitié du 19e siècle, le noyau villageois prend forme avec l’établissement d’artisans, de commerçants et de notables. Dans la foulée du « Premier Rang » et du « Chemin de montée » vers Saint-Lazare, les rues Sainte-Catherine et Saint-Étienne accueillent leurs premières maisons d’ouvriers et d’artisans.

Saint-Gervais-et-Saint-Protais compte près de 3000 individus avant qu’elle ne soit démembrée au profit de Sainte-Claire, Saint-Anselme, Saint-Lazare, Saint-Raphaël, Saint-Nérée et Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Honfleur. Cette entité est paroisse civile depuis 1835 et municipalité depuis 1845. À l’automne 1847, la municipalité fusionne avec d’autres pour former le comté de Bellechasse.

Saints-Gervais-et-Protais accueille ses premières religieuses enseignantes en 1859, lesquelles s’installent dans l’ancien presbytère que l’on transforme en couvent, un bâtiment agrandi par la suite et dont le corps principal est reconstruit à neuf en 1905.

Suite à l’incendie de l’église, en avril 1872, un autre lieu de culte est construit au sud-est des ruines. L’édifice reçoit ses cloches en 1874, puis un nouvel orgue en 1901, en remplacement de l’instrument provenant de l’église anglicane de Lévis.

Le 15 mars 1969, la municipalité de Saint-Gervais-et-Saint-Protais change de nom pour Saints-Gervais-et-Protais. Le 1er janvier 1982, cette entité s’intègre à la municipalité régionale de comté de Bellechasse. Le 23 novembre 1991, la municipalité s’appelle désormais Saint-Gervais.

1790

Fondation de la paroisse de Saints-Gervais-et-Protai

1832

Érigée canoniquement

Armoiries

Œuvre de Léopold Canac-Marquis

Adoptées par la Municipalités des S.S. Gervais et Protais
Le 5 mars 1979 Dévoilées le 26 juillet 1980

LA COURONNE

Ce noble symbole surplombant l’écusson veut rappeler par la roue du moulin la noblesse de la Seignerie de La Livaudière, lieu de la paroisse des S.S. Gervais et Protais. L’intérieur de cette roue dessine deux sillons permettant de discerner le tracé de la roue des rouets de nos aïeules, ces femmes artisanes qui savaient si bien travailler la laine.  Hommages à ces valeureuses! De plus, cette roue veut célébrer le Faubourg des Moulins, centre de la vie à St-Gervais au XVIIIe siècle.

L’ÉCUSSON

Célébrer deux siècles d’histoire, d’effort, de progrès, en entreprendre toute maturité un troisième voilà un événement digne d’être symbolisé par les couleurs de l’athlétisme olympique : l’or, l’argent et le bronze. L’or apparaît sur les contours de l’écusson comme un signe de l’alliance des générations qui se sont succédé et celles qui viendront.  Puis, il y a l’or de la croix et celui des gerbes.  L’argent prendra figure d’une richesse des gervaisiens se fondant sous les symboles de l’éducation et du sacerdoce.  Enfin, le bronze, couleur de la terre, veut dans son humilité rappeler le point de départ de ce que la terre et les roches ont produit de richesses à St-Gervais.

LA GRANDE CROIX D’OR

La croix symbolise la foi du peuple chrétien.  Elle est le souvenir de ce que Dieu a inspiré de générosité et de don de soi à ses pasteurs, aux fils et filles qui ont embrassé la vie sacerdotale, religieuse et missionnaire…  Elle rappelle les croix de chemin élevées par la foi de l’ancêtre et qu’on redécouvre aujourd’hui comme richesse du patrimoine.  C’est la transmutation de l’humble croix de bois du site désigné de la première église en un temple majestueux.

LE DRAPEAU ACADIEN

Placé dans la partie supérieur gauche, le drapeau bleu, blanc, rouge marqué d’une étoile jaune symbolise le peuple acadien. Les Acadiens, gens d’un peuple co-fondateur, sont venus occuper des concessions au cours des années qui ont suivi la déportation de 1755…  Ils y ont laissé l’empreinte d’un peuple qui a souffert mais qui s’est montré profondément attaché à sa religion et à ses traditions.

TROIS FLEURS DE LYS

La partie supérieure droite renferme trois fleurs de lys sur bleu azur.  Cette représentation veut rappeler l’origine française de l’autre peuple co-fondateur de St-Gervais.  Les ancêtres venaient de Normandie, de Bretagne, de l’Ile de France, de l’Aunis, du Poitou, du Languedoc et du Perche… Pour cette raison, ces fleurs de lys sont empruntées aux armoiries des Rois de France.  Elles veulent signifier le vécu français sur trois siècles d’histoire : les 18e, 19e et 20e siècles.  Elles témoignent de l’accomplissement de deux siècles et d’un troisième rempli d’espérance. Elles symbolisent bien la famille (cellule paroissiale, mère, enfant).

LA TERRE, LE CLOCHER, QUATRE GERBES

La partie inférieure gauche veut rappeler la terre, les lieux et la vie à St-Gervais.  Un fond de bronze, couleur de la terre, tracé de sillons rappelle l’agriculture et ses richesses.  Le peuple gervaisien en majorité y a travaillé et a compris ce que signifient défricher, semer et récolter.  C’est ce peuple qui le premier peut chanter avec le psalmiste :

« Que tes œuvres sont admirables! »  (Ps. 66)

Le village symbolisé par son clocher c’est le centre de la vie religieuse, municipale et scolaire.  Les habitants y rencontrent les artisans, les hommes de métiers et les professionnels. Quatre gerbes d’or (d’avoine ou de blé) rappellent la moisson fruit du travail des colons d’abord puis des agriculteurs.  Placées sur quatre niveaux différents, ces gerbes autour du clocher rappellent les quatre rangs de St-Gervais : le Bras, la Première Cadie, la Deuxième Cadie et la Côte St-Louis.

EDUCATION ET CULTURE

Complétant le cœur de l’écusson, la partie inférieure droite rappelle les valeurs et l’attachement des gervaisiens à l’éducation et au sacerdoce.  Précédemment nous chantions la terre et le travail des mains.  Maintenant nous acclamons celui de l’esprit. Sur fond d’argent, un livre ouvert rappelle l’importance attachée à l’éducation et à la culture.  Rappelons que St-Gervais peut se vanter d’avoir été parmi les premiers à organiser un système d’école de fabrique au début du XIXe siècle. Pensons à sa société littéraire au cours du siècle dernier, sans oublier toute la tradition d’y retrouver son notaire.  Plus de mille hommes et femmes se sont préparés à l’enseignement.  Ce goût de connaître conduisait aux collèges classiques et commerciaux, aux écoles normales, à l’université et à son couvent… Voilà pourquoi le sigle des religieuses Jésus-Marie apparaît dans cette partie de l’écusson.  Il rappelle ce que ces femmes, éducatrices exceptionnelles, ont apporté de dévouement et de formation aux gervaisiennes depuis plus d’un siècle. Un calice surmonté d’une hostie symbolise le sacerdoce.  Peut-on imaginer l’ampleur de la tâche des prêtres-pionniers!  Attaché à ses prêtres, le gervaisien de toutes les époques y a trouvé son conseiller spirituel et temporel.  La foi des anciens a souvent fait dire : « Nos prêtres font des miracles!… »  L’abbé Ernest Arsenault écrivait au milieu du siècle, la revanche des acadiens s’est faite par la revanche des autels. En effet près de soixante-dix fils de St-Gervais ont reçu l’onction sacerdotale et ont annoncé la Bonne Nouvelle. Dieu, que tes œuvres sont admirables!

ST-GERVAIS SE SOUVIENT

Six petites feuilles d’érable gravitent autour de l’écusson.  Elles symbolisent les six paroisses-filles de St-Gervais : Ste-Claire, St-Anselme, St-Lazare, St-Raphaël, St-Nérée et Honfleur.  Chères filles, « Je me souviens! »

LES FEUILLES D’ÉRABLE

De grandes feuilles d’érable entourent nos armoiries tout comme les érablières bordent nos routes et nos rues et créent selon les saisons des paysages si attachants.

QUE TES ŒUVRES SONT ADMIRABLES!

L’occasion d’un bicentenaire permet à la fois de se tourner vers le passé et d’envisager l’avenir.  C’est l’occasion des actions de grâces, des louanges, des bénédictions, des vœux.  Considérant l’histoire de ces deux siècles, les psaumes 66 et 67 montrent merveilleusement bien la pensée et les œuvres de St-Gervais :

« Poussez vers Dieu des cris de joie,(habitant de) l’univers!Chantez la gloire de son nom,Célébrez magnifiquement ses louanges!Dites à Dieu : « Que tes louanges sont admirables!… » (Ps. 66)

En effet, le Créateur y a fait des merveilles par le travail de toutes les générations.  Coopérant avec Lui, les œuvres sont présentes : la terre, la foi, la corvée, la tradition, l’éducation, la famille, le sacerdoce, l’amour du travail… et elles garantissent l’avenir. Enfin, le rouge du ruban sur lequel s’inscrit cette devise symbolise le sang versé par le martyre des frères Gervais et Protais, saints patrons de cette paroisse.